Le coton bio est-il forcément une bonne idée ?

Le coton est l’une des matières premières les plus utilisées dans l’industrie textile. En lingerie, on le privilégie pour des culottes confortables, hypoallergéniques et respirantes. Les gynécologues comme les dermatologues recommandent le port de sous-vêtements en coton pour la bonne santé de la peau. Pourtant, même lorsqu’il est certifié bio, le coton n’est pas toujours la meilleure option. Dans cet article, Les Rituelles s’attaque à une composante phare de nos dessous fétiches. Voici pourquoi le coton n’est pas un parangon de vertu au royaume du textile.

 
rouleau de tissu coton blanc
 
 

L’impact environnemental du coton bio

Bien que le coton certifié biologique se veuille plus écoresponsable, il n’en reste pas moins une plante gourmande en eau. L’irrigation est la principale préoccupation environnementale liée à la récolte du cotonnier, en particulier dans les pays confrontés à la pénurie d’eau où est pratiquée la culture intensive de la plante.

Au-delà de la simple irrigation, n’oublions pas de prendre en compte les litres d’eau nécessaire à diluer les polluants répandus pendant des années par la culture conventionnelle dans les sols et les eaux. Tout cela ne concerne que la culture du coton, sans même considérer la consommation en eau pour la production textile et la teinture pour une filière GOTS.

En plus de l’empreinte liée à l’eau, l’acheminement de nos sous-vêtements en coton est aussi très polluant.

Un coton cultivé selon des méthodes biologiques ne garantit pas que le coton n’ait pas traversé la planète avant d’arriver dans notre vestiaire de lingerie fine. Le monde du textile est particulièrement connu pour son inefficacité en matière de transports. Les étapes de transformation étant rarement situées dans le même pays, le coton peut ainsi être cultivé en Inde, filé en Indonésie, tissé en Chine, et cousu en Éthiopie.

Toutes ces étapes sont réalisées dans de grandes usines ultra-mécanisées où la consommation d’énergie (non renouvelable) est très importante. Les labels et certifications bio n’opèrent aucun contrôle sur l’optimisation du transport. Lorsque l’on achète un soutien-gorge en coton bio, nous avons la certitude qu’aucun produit chimique n’a été utilisé pour sa production et transformation, mais nous n’avons pas de traçabilité sur les kilomètres qu’il a pu parcourir.

 
plantation de coton
 
 

L’impact humaiN du coton

Une certification bio ne garantit pas l’éthique irréprochable de la production de coton. Côté Droit de l’Homme, rappelons que le coton est majoritairement produit dans des pays des Suds où les droits des travailleurs sont pauvres, voire inexistants.

Ces ouvriers agricoles qui cultivent le coton ont généralement un salaire de misère pour de longues heures de labeur dans des conditions précaires. Dans certaines régions comme l’Ouzbékistan, les enfants vont œuvrer dans les champs pour aider leur famille plutôt que de se rendre à l’école.

Lorsqu’elle n’est pas bio, la culture du cotonnier requiert une grande quantité de pesticides. Une exposition prolongée à ces produits chimiques entraîne des problèmes de santé à long terme tels qu’un dérèglement du système nerveux, du système reproducteur et du système immunitaire.

Enfin, le pouvoir des sociétés cotonnières sur les travailleurs est souvent excessif. Elles exercent un rôle de domination sur les cultivateurs qui n’ont d’autre choix que de se plier à leurs règles.

 

L’impact du coton bio sur la santé

Outre les inconvénients éthiques, le coton a également des défauts fonctionnels. Bien qu’il soit souvent associé à des sous-vêtements confortables et respirants, ce n’est pas toujours le cas.

Alors, nos culottes de règles ne seraient-elles pas les meilleures pour gérer l’humidité ? La réponse est non. Selon l’épaisseur, le tissu sera plus ou moins absorbant et pèsera plus ou moins lourd. Un coton standard contient environ 57 fils/cm² tandis qu’un coton de très haute qualité, tel que le coton égyptien, peut contenir jusqu’à 400 fils/cm².

Les matières artificielles comme le Modal, le Tencell ou le Lyocell sont d’excellentes alternatives au coton. Fabriquées à partir de matières premières naturelles, comme le pin, l’eucalyptus, le hêtre, le bambou, ces fibres évacuent bien mieux l’humidité que le coton. Cela empêche ainsi la prolifération de bactéries à la surface de la peau et réduit les odeurs de transpiration.

Enfin, les matières faites à partir de fibres naturelles offrent une meilleure thermorégulation. Oublions la culotte en coton l’été par respect pour notre intimité et pour la planète.

 

Lorsque l’on est dans une démarche de consommation responsable jusque dans son vestiaire lingerie, il est important de prendre en compte les inconvénients éthiques associés à la production de coton. Trop souvent présenté comme le Saint-Graal confortable et éthique, le coton bio a de nombreux avantages, mais mérite une bonne dose de nuance. Chez Les Rituelles, nous sommes ravies de voir cette industrie se responsabiliser petit à petit. Nous espérons qu’elle va continuer à faire mieux et à réduire son impact écologique. Considérons tous les facteurs en jeu pour remettre de la conscience dans nos achats de sous-vêtements. Pour continuer d’explorer un mode de consommation plus éthique, nous vous recommandons notre article sur le Made in France.